Movember : un mois de sensibilisation pour parler de la santé masculine

Prévention Les moustaches fleurissent en novembre.Une manière d’attirer l’attention sur la problématique des pathologies qui touchent les hommes, cancers de la prostate et du testicule en tête.

 

Alter ego presque naturel d’Octobre Rose, Movember est le mois de la santé masculine.Movember, la contraction de Mo pour moustache et November pour novembre. Alors en ce mois de la moustache, un concept lancé il y a 14 ans en Australie par la fondation éponyme, on parle de prévention des cancers des testicules et de la prostate. « Les hommes meurent en moyenne 6 ans plus jeunes que les femmes.Pourtant, ils sont beaucoup moins sensibilisés au dépistage », remarque le Dr Muhieddine Khodari, urologue, qui arbore d’ailleurs de fières bacchantes.

Pourquoi est-il si difficile d’évoquer les atteintes aux testicules et à la prostate? « Parce que cela touche à la masculinité, à la fertilité.Et surtout parce que beaucoup d’hommes refusent la palpation et plus encore le toucher rectal, examen indispensable à l’établissement d’un diagnostic», déplore le médecin varois.

L’enjeu est pourtant vital : le cancer de la prostate est le premier cancer  le plus répandu chez l’homme en France. « Les sociétés savantes s’accordent à dire qu’il faut lancer des opérations de dépistage vers 50 ans.S’il y a des antécédents familiaux, il est conseillé de commencer vers 40-45 ans. Grâce à une prise de sang, on peut connaître les marqueurs de prostate.En fonction de ces résultats, on procédera à d’autres explorations», précise l’urologue.

Si un cancer de la prostate est diagnostiqué, il est possible de le traiter. « Parfois les patients craignent les effets secondaires d’une prostatectomie, notamment l’impact sur la sexualité, les problèmes d’incontinence.Or on sait aujourd’hui les gérer.Il est primordial de peser le bénéfice risque.»

Auto-palpation des testicules

Le cancer du testicule est le plus fréquent chez l’homme jeune : il apparaît entre 20 et 35 ans.« Il a un très bon pronostic : s’il est diagnostiqué à temps, on obtient la guérison dans 95% des cas», souligne le Dr Khodari.

Les hommes sont invités à effectuer régulièrement des autopalpations, un peu comme ce qui est conseillé aux femmes dans le cadre du dépistage du cancer du sein.Ici, il s’agit de tâter les testicules en les faisant rouler entre le pouce et les doigts : « s’il y a une grosseur, une lourdeur ou encore une tuméfaction, il faut consulter immédiatement.Car toute masse suspecte est considérée comme un cancer jusqu’à preuve du contraire», avertit l’urologue. Auparavant, ces vérifications étaient effectuées... lors du service militaire à la visite médicale. Les médecins militaires étaient donc les spécialistes du cancer du testicule.

« Aujourd’hui, peu d’hommes, a fortiori jeunes, vont spontanément voir leur médecin lorsqu’ils ont un doute. Il y a là encore ce problème de gêne à se laisser examiner par un médecin», regrette le Dr Khodari. Pourtant, bonne nouvelle : «dans la prise en charge de ce cancer, l’impact sur la fertilité est contrôlé parce que dans la majorité des cas, seul un des testicules est concerné. On peut aussi proposer un prélèvement de sperme avant le traitement.» L’urologue précise aussi «qu’il n’y a pas d’impact sur l’érection.Et il est possible de proposer des prothèses pour maintenir le schéma corporel.»

La santé masculine est encore trop souvent un sujet éludé.Pourtant, de simples examens permettent de diagnostiquer précocement un cancer.Encore faut-il que les hommes acceptent de se laisser toucher.

 

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Mis à jour le 27 Déc. 2020